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Hello ! Après une longue panne de lecture, je reviens poster mes articles sur mes romans de Noël ! Comme on dit, il vaut mieux tard que jamais mais ces derniers temps je peinais à terminer mes lectures en cours, je manquais cruellement de concentration et mon attention était occupée ailleurs entre l’écriture de mon roman et celle de ma nouvelle, cela prend pas mal de mon temps.
Je reviens donc présenter « Comme toi », avant dernier roman de Lisa Jewell paru en 2018 aux Éditions Milady. J’avoue que ce livre a longuement patienté dans ma PAL avant que je ne daigne l’en sortir ^^ . Dans la vie, c’est chaque chose en son temps mais aussi chaque livre en son temps. Il y a des livres qui doivent se lire à tel moment et c’était donc le cas pour celui-ci. La patience est une grande vertue et « Comme toi » aura attendu presqu’un an avant que je le lise. Il est arrivé au bon moment pour me sortir de cette période de frustration où je regardais désespérément ma PAL sans ne pouvoir rien lire :p
Je ne connaissais pas Lisa Jewell avant ce roman, je ne savais donc pas à quoi m’attendre au niveau de l’intrigue. Le résumé me laissait présager une histoire pleine de mystère, de suspens mais je m’attendais à quelque chose d’haletant, un page turner addictif. Mais ça n’a pas été exactement le cas, cela n’a en rien gâché à ma lecture puisque j’ai tout de même était surprise à plusieurs reprises. Le gros point fort de ce roman c’est l’atmosphère malaisante qui plane tout au long de l’intrigue, on pressent que quelque chose de pas claire se trame,quelque chose de tordu. Les personnages également, ont un comportement assez déroutant pour la plupart ce qui renforce le sentiment de malaise et la théorie que quelque chose ne tourne pas rond.
Résumé:
Ellie a disparu à l’âge de quinze ans. Sa mère n’a jamais réussi à faire son deuil, d’autant plus que la police n’a retrouvé ni le coupable ni le corps. Dix ans plus tard, cette femme brisée doit pourtant se résoudre à tourner la page. C’est alors qu’elle fait la connaissance de Floyd, un homme charmant, père célibataire, auquel elle se lie peu à peu. Mais lorsqu’elle rencontre la fille de celui-ci, Poppy, âgée de neuf ans, le passé la rattrape brutalement : cette fillette est le portrait craché de sa fille disparue …
Le roman est divisé en cinq parties, c’est un roman a plusieurs voix laissant les personnages prendre la parole tour à tour pour soulager leur conscience, car oui, certains d’entre eux n’ont pas la conscience tranquille. Certains même, utilisent la narration pour se repentir. De terribles mensonges entourent la disparition d’Ellie et au fur et mesure de la lecture, les personnages se dévoilent, et la vérité aussi avec eux. Lentement, les pièces du puzzle s’emboitent jusqu’aux révélations finales, choquantes et improbables. Pourtant loin du thriller psychologique haletant, « Comme toi » nous tient en haleine du début à la fin et même si mon hypothèse concernant le dénouement s’est finalement révélée exacte, l’auteure a réussi à me surprendre, cela n’a en rien gâché mon plaisir puisque l’intrigue est diaboliquement bien menée. L’auteure mise sur la complexité de la personnalité de nos personnages, alimentant ainsi le suspens et préservant une part de mystère. On ne se doute pas jusqu’à quel niveau de degré un état psychologique instable peut aller.
Perdre un enfant fait vieillir plus vite que passer sa vie à fumer comme un pompier en plein soleil.
On suit majoritairement l’histoire sous le point de vue de Laurel, une quinquagénaire qui tente de reprendre sa vie en main après que sa fille cadette, et disons le franchement sa petite préférée, Ellie, âgée de quinze ans ait disparue mystérieusement dix ans plus tôt. Depuis Laurel mène une vie mécanique et bien rodée. Prendre le risque de revivre à nouveau ce serait comme trahir sa fille disparue. Au cours de cette décennie sans Ellie, Laurel a vu son existence s’effilocher: d’abord son divorce avec son mari, Paul et au fil du temps , sa relation avec ses deux aînés qui s’est distendue. Sur ce point, le personnage de Laurel m’a quelque peu agacé, je trouve aberrant qu’on puisse faire une différence entre ses enfants car elle en vient même à regretter que ce soit pas sa fille, Hanna, qui ait disparue plutôt qu’Ellie. D’une façon, Laurel est brisée de l’intérieur mais son égoïsme à être obnubilée par sa propre souffrance en négligeant ainsi celle de sa famille est exaspérant. Au fil de l’histoire, son personnage sera amené à évoluer. Ce ne sera pas vraiment un happy-end au sens propre mais il est possible que la vie offre une seconde chance au Bonheur.
La première partie du roman se concentre donc sur le personnage de Laurel après la disparition de sa fille et enfin sur sa rencontre avec le charismatique, Floyd. L’amour semble vouloir frapper à nouveau à sa porte mais Laurel de nature si distante et méfiante l’autorisera-t-elle à entrer ?
Parfois, nous avons le point de vue d’Ellie avant le moment fatidique. L’auteure nous donne des éléments pour nous aider à deviner ce qui a bien pu se passer. Le mystère entoure cette disparition et laurel va peu à peu tenter de découvrir la vérité. Même si elle a des suspicions, des pistes, le lecteur est beaucoup plus intuitif qu’elle car d’entrée, et grâce à l’atmosphère dérangeante de l’intrigue, nous savons que certaines situations sont troublantes. Ce n’est pas au personnage de Laurel de découvrir la vérité mais c’est la vérité qui venir à elle, servie sur un plateau lorsque les langues vont se délier. La narration continue est entrecoupée de moments d’avant. Ce sont les personnages qui dévoilent la vérité, car l’important dans ce roman est la construction narrative que je trouve plutôt réussie.
Si la vie de Laurel semble reprendre quelques couleurs, la réalité est toute autre. Des éléments troublants et dérangeants s’enchevêtrent les uns aux autres instaurant un suspens progressif. J’ai beaucoup aimé la construction psychologique des personnages, leurs personnalités dérangeantes comme la petite Poppy, cette fillette qui parle et qui pense comme une adulte de plus de 40 ans et son père qui en rit, ces similitudes déconcertantes entre Floyd et l’ex-mari de Laurel, ce besoin obsessionnel de plaire et de se dévaloriser, tout cela donne un aspect assez flippant. Le succès de ce roman repose sur sa construction narrative.
Un homme incapable d’aimer mais qui a absolument besoin d’affection est un être redoutable.
J’ai aimé les thèmes abordés dans ce livre, comme la complexité des relations entre parents et enfants, des relations qui peuvent avoir des conséquences parfois irrémédiables dans la vie de l’enfant ou du parent comme un parent rejeté par son enfant ou l’inverse, un enfant rejeté ou rabaissé par ses parents… cela détruit la confiance et l’estime que l’individu a de lui.Et justement, l’auteure montre que le manque d’estime de soi peut-être nocif chez quelqu’un et peut avoir des dégâts sur la vie des autres… Par besoin d’amour, certaines personnes sont capables des pires desseins, de machinations machiavéliques perverses et improbables car ceux qui cherchent absolument à être aimés peuvent être des personnes redoutables quand le besoin d’amour tend à l’obsession. Vouloir plaire absolument à une personne peut amener à se perdre soi-même, ne plus savoir qui on est.
A côtés des actes dépravés de certains, Lisa Jewell met en valeur dans son récit l’amour et l’instinct maternel, qui, à sa manière finit par triompher. La famille est aussi une notion très importante dans cette histoire, elle apporte des moments forts et émouvants comme savoir pardonner aux autres mais aussi se pardonner à soi-même.
La vie est un miroir qui vous renvoie le reflet de votre vraie personnalité profonde. Vous recevrez donc à l’image de ce que vous êtes réellement…
EXTRAIT
-Je dois dire que, pour quelqu’un qui pense que l’humanité est une erreur de la nature, tu sembles enchantée par les romans. Qu’est-ce qui te plaît dans la fiction? s’enquiert Laurel.
Poppy repose le livre sur la table.
-Les histoires sont les seules choses vraies de notre monde. Le reste n’est qu’un rêve.
Laurel et Paul sourient, puis se tournent l’un vers l’autre pour échanger un regard troublé.
Ellie lisait deux livres par semaine et, quand ils la taquinaient à ce sujet, elle leur répondait: « Quand je lis un livre, j’ai l’impression de vivre, et quand je le termine, le rêve reprend ses droits. »
Laurel lève sa coupe vers la petite fille.
-A ton amour des livres, Poppy. Santé !
(…)
-Quelle enfant exceptionnelle, murmure Paul à Laurel quand ils quittent le restaurant vers 23h. Elle ne te fait pas un peu penser à ….
Laurel sait ce qu’il va dire avant qu’il ne prononce son nom.
-Oui, par certains aspects. C’est vrai.
-Ce qu’elle a dit sur le livre. Le rêve et la réalité, poursuit-il d’un ton songeur.
-Je sais,c’est étrange.
Il décroche son manteau du mur.
-C’est incroyable que tu aies trouvé une famille si proche de nous.
-Pardon?
-Il me ressemble un peu, non?
Son ton est léger mais Laurel blêmit.
-Non, pas du tout.Juste les cheveux et l’allure générale.
Paul lui lance un regard plein d’affection, comprenant qu’il a été trop loin et a dépassé des limites qu’il connaît pourtant si bien.
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