♥♥♥/5
Après avoir pris la poussière dans ma PAL depuis plusieurs mois, j’ai enfin attaqué le 3è roman de B.A Paris, une nouvelle auteure qui se démarque dans le genre du thriller psychologique. Après ses deux premiers succès: « Derrière les portes » et « Défaillances » B.A Paris qui avaient été deux lectures addictives et haletantes, j’ai donc attaqué « Dix petites poupées ». Ce dernier roman ancre indéniablement l’auteure comme nouvelle pionnière de ce genre littéraire. Néanmoins, malgré une intrigue bien construite, j’ai trouvé l’écriture de ce thriller moins fluide et la tension beaucoup moins pesante que ses deux précédents romans.
Résumé:
La disparition
Layla a disparu il y a douze ans, en pleine nuit, alors qu’elle rentrait de vacances en France avec son petit ami, Finn. On ne l’a jamais revue depuis.
Les soupçons
Lorsque les policiers l’ont interrogé, Finn leur a raconté la vérité sur cette nuit-là. Mais pas toute la vérité. Pas un mot, par exemple, sur la dispute violente qui les a opposés juste avant la disparition de Layla.
La peur
Finn a refait sa vie. Avec la sœur de Layla. Jusqu’au jour où le passé ressurgit. Quelqu’un croit apercevoir Layla. Et pourquoi les petites poupées russes de son enfance font-elles soudain leur apparition ?
Il y a 12 ans, quand Finn rencontre Layla c’est le coup de foudre qui le frappe, s’en suit alors une relation passionnelle, fougueuse.. jusqu’à cette fameuse nuit où Layla disparaît brutalement sur une aire d’autoroute.. Qui est vraiment Finn? Qui était Layla? Quel couple formaient-ils?
Le livre est scindé en trois parties dont la première est racontée du point de vue de Finn, notre personnage principal. Dès les premières pages, on sent que le passé n’a pas encore révélé tous ses secrets et Finn en a des secrets… Mais des secrets qui n’en a pas après tout? Cette intrigue est remplie de non-dits et ces non-dits nous détruisent de l’intérieur par la torture psychologique. Finn n’a pas tout dit à la police au moment de la disparition de Layla… Mais est-il le seul coupable? Car oui c’est bien de la culpabilité qui le ronge depuis toutes ces années… J’ai bien aimé ce suspens qui s’installe et le côté mystérieux des personnages. Layla et Finn n’est pas le couple que l’on pensait… Au fil des pages, la dimension psychologique s’inscrit par la personnalité complexe de la jeune femme.
L’eau qui dort en apparence abrite parfois les pires remous intérieurs…
« Je ne retrouverais pas mon passé , je ne pourrais pas sortir de l’ombre et vivre au grand jour. J’allais devoir passer le reste de ma vie à tricher , à me cacher du monde. »
Douze ans plus tard, Finn est fiancé à Ellen, la sœur de Layla et semble enfin avoir trouvé la paix jusqu’à ce que le passé bouleverse à nouveau sa vie sous la forme d’une multitude de petites poupées russes. La voix de la vérité semble vouloir percer le présent, cette vérité empilée sous ces matriochkas, symbole de ce spectre du passé.
L’apparition de ces poupées rappelle les liens qui unissaient les deux soeurs, Ellen et Layla. Elles représentent le centre de ce qui va constituer ce triangle amoureux. Elles sont les menaces qui planent sur le présent et l’avenir d’Ellen et de Finn. Tout au long de ce roman, Finn est au coeur d’un tourment psychologique qui réveille ses propres démons intérieurs. Il est dans une lutte constante entre un passé dont il n’a jamais fait le deuil et un présent qui semble trop paisible… Que doit-il choisir: la passion ou la raison et la sécurité ? Ce que Finn ignore encore, c’est qu’il va être soumis à une terrible tension, le compte à rebours a commencé … Les non-dits nous isolent alors que le monde qui nous entoure s’éclipse .
La narration varie au fil du roman, elle s’alterne parfois entre passé et présent afin de nous éclairer sur le couple que formaient Finn et Layla. Finn était tellement amoureux, qu’il était dans une position de soumission psychologique aussi malléable qu’une poupée.
« 𝐏𝐮𝐢𝐬 𝐥’𝐚𝐦𝐞𝐫𝐭𝐮𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐭, 𝐝𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐮𝐳𝐞 𝐚𝐧𝐧é𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐝𝐮𝐞𝐬. 𝐄𝐥𝐥𝐞 𝐦’𝐚𝐜𝐜𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐣’𝐚𝐢 𝐩𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐭𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐣’𝐞𝐭𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭, 𝐮𝐧 𝐧𝐨𝐧-ê𝐭𝐫𝐞, 𝐬𝐞𝐜𝐫𝐞𝐭 𝐞𝐭 𝐬𝐚𝐧𝐬 â𝐦𝐞. »
Le fait d’être encore fiancé à son passé douloureux réveille en nous les démons endormis et cause de terribles remous intérieurs pouvant aller jusqu’à là destruction de nous-mêmes. On n’est jamais aussi faillibles que lorsque l’on souffre…
Le passé qui s’incruste à des sonorités menaçantes.
Par ce roman, B.A Paris montre encore une fois sa maitrise sur l’ascendant psychologique de ses personnages et confirme sa place dans ce genre littéraire. Je note encore une fois le travail sur la personnalité complexe des personnages ainsi que la construction de l’intrigue qui se révèle être de la torture psychologique et mentale pour nos protagonistes. Cette lutte intérieure des personnages qui les rend bourreaux et victimes à la fois est intéressante. Néanmoins, j’ai eu la sensation que l’auteure essayait de nous surprendre sur le dénouement de l’histoire, on sent l’arrivée de la vérité qui se veut fracassante .. malheureusement j’avais deviné une partie de la chute avant les derniers chapitres et donc les révélations de la fin n’ont pas eu l’effet escompté pour ma part .C’est étrange, cela relève peut-être de mon point de vue personnel mais j’ai beaucoup moins accroché à ce troisième roman bien que le résumé était prometteur.
Durant toute l’intrigue, toutes sortes de scénarios se forment dans l’esprit de Finn, stimulant ainsi l’esprit d’analyse du lecteur. C’est une intrigue tordue, désespérée où les personnages sont coincés dans leurs ténèbres.
Un bon thriller dans l’ensemble et notamment dans sa construction mais pas aussi haletant que les deux précédents romans de l’auteure…
EXTRAIT:
J’ai pris un plaisir étrange à casser la tête de la petite poupée. Ma tête à moi s’est sentie mieux après ça, et je me suis demandé si je n’avais pas aussi écrabouillé la petite voix, celle qui persiste à me ramener dans le passé, à me narguer avec ses visions de comment les choses auraient pu tourner. Mais je n’ai fait que l’endormir parce que, après quelques jours de calme relatif, la voix est revenue me pousser, me propulser vers une fin que je ne connaissais pas encore.
La réaction de Finn face à cette poupée était prévisible. Incrédulité, colère, refus catégorique. J’ai presque ri de son dernier message, qui laissait croire qu’il avait le choix en la matière, comme si son « adieu Layla »avait une quelconque réalité , comme s’il avait vraiment l’intention de ne plus jamais me contacter, de ne plus jamais lire mes e-mails. Il ne comprenait donc pas que c’était moi qui menais la danse et qu’il avait encore beaucoup de pas à apprendre?
Mais je ne pouvais pas le faire danser trop longtemps. Il me devenait difficile de rester cohérente et ça commençait à se voir. La voix s’est mise à intervenir de plus en plus et mes efforts pour l’ignorer me fatiguaient la tête. Je devais fixer un délai.
Je ne pouvais pas laisser Finn tergiverser indéfiniment. Ca n’était pas bon pour lui. Et ça ne l’était pas du tout pour moi.
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