♥♥♥♥,5 /5
Bonsoir ! 🙂
J’espère que vous allez bien ? En ce qui me concerne, si le mois de mars a été assez chaotique en terme de lecture, le mois d’avril s’annonce sous de meilleurs auspices puisque j’enchaîne les romans sans pouvoir m’arrêter, je retrouve la boulimique littéraire qui est en moi et qui s’était assoupie ces dernières semaines ^^.
Mais trêve de bavardages, et redevenons sérieux puisque le roman que je vais présenter ce soir est tout sauf léger. Rien qu’en écrivant cet article, mes doigts en tremblent encore sur le clavier! C’est un roman qui ne laissera personne indifférent, c’est impossible. Il s’agit du second roman d’Antoine Renand, « Fermer les yeux » que j’ai eu la chance de lire grâce à une masse critique Babelio.J’en profite donc pour remercier chaleureusement Babelio et les Editions Robert Laffont pour cet envoie et pour m’avoir permise de découvrir enfin la plume d’Antoine Renand, et quelle plume ! J’étais déjà attirée par son premier roman « L’empathie » qui lui-même a déjà tant marqué les esprits mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire et je pense être passée vraiment à côté de quelques chose ! Ici, dans « Fermer les yeux », l’auteur signe un thriller magistral à l’intrigue effroyable et NOM DE DIEU ! Je crois que j’ai dû être en apnée tout au long de cette lecture! J’en ai encore les battement de cœur qui tambourinent furieusement contre ma poitrine, d’ailleurs je me demande comment celui là est parvenu à rester accroché face à une intrigue pareille !
Avant de commencer cet article, je tiens à avertir que certains passages de ce roman peuvent heurter les âmes sensibles. J’en suis moi-même une et je dois avouer qu’à certains endroits,la lecture s’est révélée parfois presque insoutenable, l’auteur ne lésine pas sur les détails…
Ayant l’habitude de lire des thrillers, je pensais être protégée et assez rodée pour faire face à ce roman mais il n’en était rien ! Mes certitudes ont été balayées d’un revers de pages et je suis tombée à la renverse. Comme devant un film d’horreur, la petite fille que j’étais aurait eu le réflexe d’apposer les mains devant ses yeux pour s’extraire de la vision du monstre. Comme le personnage de Nathan enfant, j’aurais voulu courir me cacher sous mon lit pour ne pas que le monstre me trouve mais l’adulte que je suis aujourd’hui s’est laissée entraîner dans la curiosité et dans la quête de la vérité parce qu’elle sait que les monstres existent réellement. Elle sait que nombre de ce type de monstres sont en pleine nature et qu’à défaut d’être traqués, ce sont eux qui nous traquent, qui nous épient comme de vulgaires proies. J’ai rarement lu de thriller où la tension est tendue à son extrême de la première à la dernière page. Je me suis sentie électrisée par l’angoisse du début à la fin, j’ai tremblé, j’ai tressailli et la nausée n’était pas loin. Fermer les yeux ici, c’est laisser libre cours à une imagination qui ne cesse de tourbillonner en une ritournelle assez glauque.
Je vous assure qu’après la lecture de ce roman, vous allez sentir des yeux partout autour de vous ^^
Résumé:
Un enquêteur à la retraite, hanté par une erreur qu’il estime avoir commise quinze ans plus tôt.
Un jeune auteur, considéré comme le plus grand spécialiste français des tueurs en série.
Une brillante avocate, dévouée à la défense d’un homme victime, selon elle, d’une effroyable injustice.
Ensemble, ils devront débusquer le plus insaisissable des prédateurs.
Le roman s’ouvre à l’été 2005 dans le petit village de Presles-la-Vallée en Ardèche. Ici, tout le monde semble se connaître dans ce petit village à l’apparence tranquille et joviale. Les enfants jouent librement avec insouciance sur la place centrale jusqu’à ce que la candide Justine, 7 ans, disparaisse mystérieusement après avoir suivi un inconnu dans une allée sombre. Quelques heures plus tard, le corps mutilé de la petite fille est retrouvé en contrebas d’une route par l’adjudant, Dominique Tassi, premier gendarme arrivé sur les lieux. Aux côtés du corps, se trouve Gabin Lepage, un jeune homme pour qui, tous les habitants vouent une animosité indéniable du fait de son comportement qu’ils jugent marginal. Encore fraîchement marqué par le traumatisme qu’il a vécu quelques temps plus tôt, Dominique Tassi est saisi d’horreur en constatant les sévices sexuels que Justine a subi avant sa mort. Pour lui et ses collègues, le doute n’est pas permis, Gabin Lepage est coupable malgré que ce dernier clame de toutes ses forces son innocence.
J’ai tout de suite éprouvé une forte compassion pour ce garçon dont la vie vient de basculer. Dès le départ, le lecteur est plongé dans les tourments de l’atrocité humaine car ceci n’est que le début d’une longue série…
L’auteur insiste également sur l’ampleur que peut avoir la justice médiatique sur ce type d’affaire: colère des familles, haine contre le suspect mais également l’intérêt des médias en quête de scoop. Ce dernier point peut desservir le déroulé d’une enquête ou au contraire peut-être utile pour qu’une décision ait plus d’impact. L’intérêt public a une grande importance lors d’un procès et l’avocate,Emma Marciano le sait.
Presque quinze années plus tard, le corps d’une adolescente est retrouvé dans un bois, elle semble avoir subi les même sévices que Justine. Pour Dominique Tassi, à présent à la retraite, les deux affaires présentent de troublantes similitudes. Il est pris d’une intime conviction: le tueur de Justine et celui de cette nouvelle victime sont une seule et même personne… Il s’agirait d’un tueur en série.
Le personnage de Tassi est très fragile depuis l’évènement tragique qui a fait voler sa vie en éclats. L’ex-adjudant s’est noyé peu à peu dans les affres de la culpabilité qu’il tente d’oublier dans l’alcool. Cette faiblesse fait de lui une personne non fiable, sans cesse décrédibilisé par la nouvelle équipe de gendarmes mise en place, et pourtant, il n’a rien perdu de ses réflexes, et son intuition bien qu’imbibée par la morsure du temps et du chagrin, n’a rien perdu de son odorat. J’ai beaucoup admiré le personnage de Tassi et son côté alerte et taciturne. Il est bien décidé à réparer son erreur, quitte à mener de son côté une enquête officieuse. J’ai aimé aussi son côté tendre et paternel avec son fils, Guillaume, ainsi qu’avec l’écrivain, Nathan Rey. Ses enfants lui manquent, c’est un homme plein de chagrin et de solitude. Oui, cet homme est isolé, on ressent une grande frustration pour son travail dont personne ne daigne porter un quelconque intérêt. Il est considéré par les gendarmes comme un homme aigri, un alcoolique qui rouspète des divagations hasardeuses. Le prédateur qu’il chasse n’est pour l’instant visible que par lui…
« 𝐋𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐛𝐢𝐭é 𝐧𝐞 𝐯𝐚 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐢, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐜𝐢𝐩𝐥𝐢𝐧𝐞. »
L’intrigue pointe également les failles qu’il peut y avoir dans les institutions militaires ainsi que judiciaires, certaines se montrent parfois susceptibles et inflexibles lorsqu’il s’agit de reconnaître ses erreurs. Le laxisme de certains permet aux prédateurs de rôder en toute impunité et de piétiner à pas de velours tels des fauves en chasse, les proies effrayées.
Pour s’aider à rétablir la vérité et débusquer le vrai coupable, Tassi va s’entourer d’Emma Marciano,avocate de Gabin Lepage, incarcéré depuis quinze ans. Cette jeune femme a à coeur de lutter contre les injustices par son esprit brillant et une vive intelligence. L’écrivain,Nathan Rey, spécialiste en tueurs en série,viendra fermer la marche de ce trio complémentaire.
J’ai trouvé le personnage de Nathan très touchant, malgré une prestance médiatique dût par son statut d’auteur, c’est un jeune homme qui manque de confiance en lui et une fois la porte de son appartement refermé, Nathan redevient ce petit garçon apeuré guettant et scrutant le moindre recoin avec la crainte qu’une ombre malfaisante se détache d’un mur pour bondir sur lui.. Celle du monstre. Pour drainer sa peur, l’écrivain arpente de nombreux visages animés de folie, les yeux luisants de perversité pour ses romans. Affronter le visage du mal, c’est tenter de réfréner le plus loin possible son traumatisme.Mais certaines visions continueront de nous hanter. Depuis des années, Nathan apprend à analyser les profils criminels qui pullulent dans le monde entier. Il connaît leurs comportements par coeur,leur cheminements les plus morbides. Mais ce prédateur là, est très malin…
Le trio que forment Nathan, Dominique et Emma ne s’attend pas à affronter un tel prédateur. Mais ensemble, ils vont unir leurs forces et leurs failles pour aller débusquer le monstre dans sa tanière. Cependant, toute cette enquête n’est qu’un maillon qui n’a pas fini de livrer toute sa chaîne d’horreur.
« Et, comme la plupart des gens ayant un comportement embarrassant, il le dissimulait et faisait des efforts pour paraitre normal en public. Il ne se sentait pas fou. Il savait qu’il ne l’était pas. Il avait des problèmes… »
J’ai trouvé l’ intrigue habilement menée et complexe, là où le bien et le mal semblent se confondre de façon diabolique et abjecte. La psychologie des personnages est remarquable et certaines personnalités n’hésitent pas à violer la morale et côtoient le summum de la perversité. L’auteur nous expose le portrait d’un prédateur sadique dont le seul plaisir est de jouir de la souffrance qu’il inflige à ses victimes par la torture. L’individu semble complètement déshumanisé mais à la fois sait se fondre dans la masse avec une redoutable habilité. La chasse est son terrain de jeu, il s’amuse à traquer, à épier jusqu’à enserrer sa proie entre ses griffes sauvages. Il s’amuse des tourments, il se nourrit de la peur. Le lecteur est comme un spectateur bâillonné, qui assiste impuissant au film de l’horreur qui se joue devant lui.On assiste au mécanisme pervers qui s’anime dans l’esprit d’un psychopathe. J’ai eu l’impression d’être plongée en plein épisode d’ « Esprits criminels ». Cette approche presque authentique de la psyché des personnages est l’atout majeur de ce roman et la violence dépeinte nous fait tressaillir. Mais le constat le plus effroyable que je retiendrais, c’est que ce monstre n’en est qu’un parmi tant d’autres. L’horreur a une multitude de visages . Elle véhicule entre plusieurs corps, plusieurs races, plusieurs identités et le plus inquiétant, c’est qu’on ne pourra jamais tous les attraper…
La tension en est déjà à son paroxysme quand l’auteur nous assène un dernier coup de crosse avec un dénouement fracassant que je n’ai pas vu venir.
Pour moi ce roman répond à tous les critères d un excellent thriller, j’étais à la fois avide de connaître la vérité et à la fois pressée de sortir de cette histoire sordidement tordue, malaisante et anxiogène. L’auteur parvient avec maîtrise à retranscrire les peurs et la panique qui animent les personnages. J’ai eu l’impression que l’angoisse allait surgir d’entre les pages pour me saisir à la gorge et m’étouffer. Un thriller haletant qui va vous couper le souffle mais dont vous n’allez pas pouvoir vous en dépêtrer tant il est addictif. En tout cas maintenant, je vais avoir beaucoup de mal à « fermer les yeux» cette nuit…
EXTRAIT
– Votre expérience, si j’ai bien compris, c’est d’avoir interviewé des tueurs?
-Oui, c’est ça en gros, acquiesça-t-il. Je vais dans des prisons, un peu partout dans le monde. Aux États-Unis principalement, mais aussi en France, en Europe, en Afrique…Il s’agit surtout de tueurs en série, dont j’ai étudié les crimes et le passé. La séance de travail dure plusieurs jours, parfois même plusieurs semaines, le temps qu’on s’apprivoise, qu’ils se sentent à l’aise et se livrent.
-Combien en avez-vous rencontré ?
-Seize. J’ai un dix-septième en vue, qui va attendre un peu.
-Et vous faites ça dans quel but? Hormis le fait de gagner votre vie.
-C’est un sujet qui m’intéresse. J’essaye de comprendre… l’incompréhensible…
-Et vous y arrivez?
-En partie, opina-t-il, l’air songeur. Disons que… même s’ils sont tous différents, des tendances se dessinent… Les fantasmes, par exemple…
Emma redressa la tête, intéressée.
-Le moteur des tueurs en série, c’est leur vie fantasmatique. Tous, depuis très jeunes, ont emmagasiné des fantasmes de violence, devenus la source de leur excitation sexuelle. Il y a une progression: faire souffrir, dominer, torturer et violer… Tuer. Ils ont rêvé de ces actes pendant des années, des centaines de fois, et en ont expérimenté certains. De discrets passages à l’acte, des tests. Des temps d’incubation. Et puis… quand le fantasme devient trop fort, quand il prend le dessus… c’est là que la série commence.
– A la recherche d’un soulagement…, dit Emma.
-Le soulagement est là, réel, un sentiment d’omnipotence.Mais qui ne dure pas, alors il faut sans cesse recommencer. Le désir revient comme une drogue, pour éprouver encore une fois cette sensation de puissance, illusoire, venant en réalité masquer la pauvre image qu’ils ont d’eux-mêmes.
Laisser un commentaire