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Hello ! 🙂
Je viens écrire aujourd’hui mon retour de lecture sur l’avant dernier roman de Michel Bussi ,« J’ai dû rêver trop fort ». Cela fait un an que j’ai ce roman dans ma PAL, j’avais eu la chance de rencontrer l’auteur l’année dernière au Salon du Livre de Paris où j’ai pu le faire dédicacer. Je n’ai pas lu tous les romans de Michel Bussi, cependant je me suis habituée à son registre, à ses codes d’écriture. Etre habituée à un auteur, instaure une attente tout en ayant l’espoir qu’il nous surprenne. On connaît la particularité de cet auteur, on identifie facilement sa patte, sa signature qu’on pourrait deviner sa plume sans même regarder la couverture. Michel Bussi a la particularité de maîtriser l’art du suspense, j’ai l’habitude que le mystère soit entretenu du début à la fin,ses intrigues sont extrêmement rusées et j’adore tout simplement. Ses romans dénotent des autres thrillers, les siens ne sont ni violent, ni même trop ancrés dans l’action, ils sont la finesse, ils sont énigmatiques,les personnages et les situations sont très bien travaillés, les intrigues très bien menées et étoffées. L’auteur étant professeur de géographie, on ressent également une très grande culture des lieux de ses romans.
Autre code de l’auteur, le lecteur est souvent balloté entre passé et présent. En général, les conséquences du présent ont toujours leurs origines dans un passé plus ou moins lointain et je suis assez friande de cette ligne d’écriture qu’il a adopté car chez moi, cela marche à tous les coups.
On se demandera pourquoi je passe mon introduction à développer ce point alors que ce n’est pas la première fois que j’écris un article sur un roman de Michel Bussi sur ce site mais cela a son importance car comme je le mentionnais plus haut, un lecteur habitué s’attend à retrouver certains codes de son auteur, certaines familiarités. Tout changement soudain d’un auteur à sa routine peut avoir deux conséquences: ça passe ou bien ça casse… Et bien pour « J’ai dû rêvé trop fort », ça a cassé chez moi… Ce n’est pas que je n’ai pas aimé l’histoire en elle-même mais ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais en ouvrant ce livre…
Résumé:
Les plus belles histoires d’amour ne meurent jamais.
Elles continuent de vivre dans nos souvenirs et les coïncidences cruelles que notre esprit invente.
Mais quand, pour Nathy, ces coïncidences deviennent trop nombreuses, doit-elle croire qu’il n’y a pas de hasard, seulement des rendez-vous ?
Qui s’évertue à lui faire revivre cette parenthèse passionnelle qui a failli balayer sa vie ?
Quand passé et présent se répètent au point de défier toute explication rationnelle, Nathy doit-elle admettre qu’on peut remonter le temps ?
En quatre escales, Montréal, San Diego, Barcelone et Jakarta, dans un jeu de miroirs entre 1999 et 2019, J’ai dû rêver trop fort déploie une partition virtuose, mêlant passion et suspense, au plus près des cœurs qui battent trop fort.
La passion amoureuse laisse une trace indélébile dans une existence. Qui est-ce qui disait que les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais? Mais les folies ont un prix, elles peuvent pousser à faire les pires sacrifices… Un vrai amour ne meure jamais, il perdure dans nos souvenirs, dans chaque hasard que le destin met sur notre route.
Lorsque l’on a aimé passionnément quelqu’un, même avec les années on ne peut oublier. Souvent, les sentiments changent au fil du temps, les sentiments qu’on a jadis éprouvés ne seront plus jamais les mêmes mais pour certaines personnes, si cet amour a été très fort, il peut arriver qu’il continue de nous hanter pendant toute notre vie. Il n’est pas une présence visible, mais il est là en nous, il est ce qui fait peser notre coeur plus lourd, il est là dans chaque coïncidence causée par le hasard, il est hante nos souvenirs… D’ailleurs, les souvenirs sont ce qui nourrissent les fantômes. Et parfois, ces fantômes, lorsqu’on les réveille, viennent prendre possession de notre esprit…
Il n’est pas toujours bon de réveiller le passé endormi, surtout lorsque celui-ci a pris fin par un mystérieux pacte entre deux amants. Un secret enfoui qu’il ne faut pas déterrer si on ne veut pas qu’il balaye le présent.
A l’époque, vingt ans plus tôt, Nathy avait tout pour être heureuse, la jeune femme exerçait ce merveilleux métier qui lui permettait de sillonner le monde, un métier qui lui offrait une bulle de liberté, permettant ainsi à la jeune hirondelle qu’elle était, de prendre son envol. Nathy est hôtesse de l’air, elle aime planer au dessus des mers, c’est une globe trotteuse qui à la fin de ses escales retournent dans sa cage, auprès de son mari, Olivier et sa petite fille, Laura. Olivier est ébéniste, il est un point d’ancrage pour elle, un point d’ancrage à la réalité. Il est la solidité, le raisonnable, le concret. Tandis qu’Ylian est un rêveur idéaliste, un artiste en herbe. Ylian est d’un naturel poétique, léger au caractère modeste, presque timide. Ylian représente l’évasion, la passion. Nathalie a un coeur coupé en deux moitiés, dans l’une, elle est la mère de famille raisonnable, attaché à son mari par un lien affectif et de l’autre, il y a cette insouciance, cette audace qui dormaient au fond d’elle.
« Le passé ne revient jamais, même si la vie est truffée de souvenirs qui viennent vous chatouiller.
La vie est un long fleuve tranquille, avec une cascade de temps en temps, histoire de provoquer quelques petits clapotis, et surtout de ne pas pouvoir la remonter à contre-courant. »
Vingt ans plus tôt, le coeur de Nathy s’est laissé aimanté, envoûté par les notes et la sérénade de ce jeune baladin dans la porte d’embarquement M de l’aéroport de Roissy. Ces deux coeurs ont sillonné, convolé ensemble malgré l’interdit. La passion défit toute raison. Nathy cherche la liberté et pourtant elle s’engouffre dans cet amour, elle plane, la tête dans le ciel et le coeur dans les étoiles. Les deux amants se rendent dépendants l’un de l’autre. La séparation sonne comme un déchirement, comme un crash émotionnel. L’auteur insiste beaucoup sur cette dévotion réciproque, égoïste et insensée.Cet abandon consenti, comme si leurs âmes se fondaient l’une dans l’autre.
Vingt ans plus tard, Nathy est toujours hôtesse de l’air, est toujours mariée avec Olivier qui toutes ses années s’est tu, a refoulé sa souffrance, mais un coin de sa vie sonne le vide, son existence est bancale. Les souvenirs peuvent être néfastes pour l’entourage… Mais soudain, des coïncidences se multiplient défiant toute logique, le passé semble ressurgir avec une extrême exactitude.. Qui a ouvert la boîte de Pandore, qui a réveillé le passé? Nathy est-elle nostalgique de sa vie passée? Les souvenirs sont-ils en train de gangréner son esprit au point de lui faire perdre la tête?
Soudain,le volcan du passé longtemps tapis en elle ,s’est mis en éruption faisant couler la lave des souvenirs, incandescente et brûlante causant de terribles remous. Un tsunami menace de submerger sa vie.
Le passé et le présent se font écho avec une précision troublante. Le présent devient le reflet du passé. Le cœur de Nathalie se retrouve en jet-lag entre les deux époques, soumis à un jeu de piste vers le mystère de son passé
Le pacte mystérieux passé 20 ans plus tôt est la clé du mystère… Les deux anciens amants sont-ils punis de leur faute ..ou de la folie qui les a submergés? Les souvenirs peuvent être meurtriers.
« L’amour ne dure pas, l’amour est aussi fragile qu’un collier. Mais la Pierre de temps permet d’en conserver les plus belles perles. A jamais. »
Tout le roman, le lecteur navigue dans l’incompréhension de cette mystérieuse histoire, l’auteur étale tout au long des chapitres, la passion torride des deux amants, lentement la vérité se dévoile… Cependant, je manquais d’entrain, le mystère ne semblait pas vouloir percer, mon intérêt a subi des turbulences, il planait de bas en haut. La romance entre Ylian et Nathy est au coeur de cette intrigue et pourtant elle prédominait tout le roman, je n’ai pas ressenti comme à l’accoutumée,cette envie de dévorer les pages, je n’ai pas tremblé sous le suspense intenable, il semblerait que je me suis perdue en plein vol entre Montreal, Los Angeles ou Dakarta. Je n’ai pas reconnu l’écriture de cet auteur que j’admire tant, j’ai eu l’impression que ce roman a été écrit par quelqu’un d’autre.
Le dénouement,habituellement qui me laisse pantoise dans les autres romans, m’a surprise mais dans le sens où la vérité m’a semblé si surréaliste et tirée par les cheveux. D’ailleurs, beaucoup d’éléments étaient selon moi trop invraisemblables, tout comme la réaction des personnages à la fin, trop mièvres, trop « rose »… Je n’ai pas adhéré à ce dénouement « happy-end ».
Je me suis sentie dépaysée par ce roman qui semblait davantage s’apparenter à une romance mélodramatique qu’à un roman à suspense, je dois l’avouer. Selon moi, le dosage entre les deux registres n’était pas équitable, l’équilibre de l’intrigue était un peu bancal. La romance en elle-même n’était pas déplaisante à lire, elle était même assez belle, les émotions étaient au rendez-vous, ce point est indéniable mais je m’attendais à autre chose de la part de Michel Bussi, à davantage de surprises et de rebondissements que je n’ai pas perçus dans cette lecture là.
EXTRAIT
« -Je vais rater ma vie, Nathy. A un peu plus de trente ans, c’est au moins quelque chose que j’ai compris.
-Qu’est-ce-que vous racontez?
Ma mèche tombe devant mes yeux, le visage d’Ylian est trop proche du mien pour que je la balaye.
-Oh, ne vous faites aucun souci pour moi, Nathy. Ce n’est pas très grave. C’est au contraire terriblement banal. Je suis simplement né avec l’envie… mais pas le génie. Je ne serai jamais qu’un musicien, qui sait bien jouer, qui aime bien jouer, comme des millions d’autres musiciens dans le monde. Au mieux,si je m’accroche, la musique me fera vivre ( il s’approche encore de moi, ma mèche flotte au souffle de sa bouche). On vient au monde avec tellement d’espoir, Nathy. Devenir Hemingway, McCartney, Pelé, ou même Bill Clinton, Michael Jackson. Il y a tellement de rêveurs qui naissent dans chaque coin de la planète, des milliards de rêveurs, et tellement peu d’élus…
Les couleurs de la croix changent au-dessus de nous. Encore un tour de magie ?Elles passent de blanc à pourpre. Je ne sais quoi lui répondre. Que mes rêves à moi sont tout petits ?
-Nathy,j’aimerais une fois, rien qu’une fois, ressentir ce que ressent un être d’exception.
Yl tremble.
-Comment ?
-En vous embrassant.
Je tremble. Pense-t-il vraiment ce qu’il dit? Je n’ai que la force de plaisanter.
-Je croyais que vous n’alliez jamais me le demander !
Ylian n’a même plus cette force-là.
-Ensuite, on ne se reverra jamais. On se promet de s’oublier ! On se perd quelque part sur terre, chacun de notre côté. Le monde est assez grand pour perdre ceux qui s’aiment.
Je pose mon doigt sur sa bouche.
-Taisez-vous, Ylie. Vous savez bien que la distance n’y est pour rien. Embrassez-moi. Embrassez-moi et ensuite, oubliez-moi ! «
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