♥♥♥,5 /5
Hello ! 🙂
Aujourd’hui, je viens vous présenter ce thriller à la couverture sombre et au titre à l’aspect cannibale et aussi envoûtant que morbide. À première vue, j’ai immédiatement été intriguée par l’aspect de ce livre et par la macabre intrigue qu’il renfermait.Je n’avais pas lu d’avis au préalable sur ce roman et j’y suis donc allée à l’aveuglette, j’ai sauté dans l’inconnu ^^.
Lorsque l’on s’apprête à découvrir l’univers d’un nouvel auteur, le plus perturbant c’est que l’on est en territoire inconnu, on ne sait à quoi s’attendre.
Le livre à peine ouvert, j’ai été projetée d’emblée dans l’action, ça fuse dans tous les sens, pas de temps mort, tout s’enchaîne et malgré les 490 pages, il n’y a aucune longueur…
Contrairement aux thrillers que je lis d’habitude, celui-ci se démarque par un style de narration assez singulier. En temps normal dans les thrillers, mes attentes vont être différentes de ce que je recherche dans d’autres genres. La lecture du thriller est un moyen pour moi de m’évader, de développer mon esprit d’analyse, j’aime voir comment un auteur tisse son histoire, la façon dont il nous plonge dans un univers de tourments et de frissons et surtout un bon auteur de thriller est celui qui sait maîtriser l’art de la manipulation. Pendant ces lectures, j’aime échafauder des hypothèses,des théories sur le dénouement, je prends plaisir à tenter de devancer l’auteur mais il y a toujours l’espérance d’être bernée. Chez Vincent Villa, j’ai été déstabilisée car je n’ai réussi à émettre aucune hypothèse avant au moins les trois quarts du romans. J’ai été saisie par la complexité de cette affaire sordide et lugubre. Ce que je recherche dans un thriller c’est le frisson, l’addiction de tourner les pages avec frénésie et ici ce qui m’a davantage sautée aux yeux, c’est la qualité littéraire de l’auteur. Vincent Villa nous surprend avec une plume raffinée, élaborée. Pour moi, qui suis très sensible à la beauté des mots, j’ai pris le temps de m’arrêter plus longtemps qu’à l’accoutumée pour savourer cette prestance rédactionnelle. Cette écriture est ce que je retiendrais majoritairement de cet auteur, elle lui donne un style bien à lui car j’ai rarement retrouvé dans les thrillers que je lis habituellement, une telle subtilité et une telle application dans les mots.
Pour moi, ce roman s’adresserait plus à un lecteur habitué plutôt qu’à un lecteur occasionnel.
Résumé
Un travesti retrouvé mutilé et dépecé. Des jeunes femmes assassinées dans un décor de rendez-vous galant.
Deux affaires qui n’ont a priori rien en commun, mais dans lesquelles les enquêteurs finissent pourtant par découvrir d’étranges similitudes.
Comme je le mentionnais précédemment, le livre à peine ouvert, le lecteur est propulsé en plein coeur de l’intrigue avec la découverte du cadavre d’un travesti. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est que ceci n’est que le début d’une enquête qui semble ne pas vouloir prendre fin. Une enquête qui n’a pas finit de livrer tous ses secrets les plus obscurs. Certaines âmes humaines peuvent renfermer les plus noirs desseins. On dit souvent que notre apparence physique peut refléter une partie de notre âme et bien après avoir lu ce roman, vous apprendrez que les apparences peuvent être bien trompeuses… Le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit parce que la plupart des gens s’arrêtent sur l’apparence. La misère, la souffrance font honte quand elles se voient. Mais les vrais monstres, on ne les voit pas réellement, ils sont infiltrés parmi nous, peut-être sont-ils même plus proches de vous que vous ne le pensez…
Tout au long du roman, il va y avoir une pluie de cadavres qui va s’abattre sur toute la France, la météo s’annonce très mauvaise pour nos deux commandants de police, Sophie Lapon et Jérôme Blanchard. L’auteur floue les pistes en abordant multitude de thèmes mettant ainsi en avant tous les vices de l’être humain. Il en va du proxénétisme, de la pédophilie, du fanatisme et de l’amour obsessionnel. Un roman qui explore la noirceur, amplifiée par cette écriture toujours envoûtante. J’ai été frappée incontestablement par la qualité narrative de Vincent Villa. L’écriture y est sophistiquée, pointilleuse et ornée de métaphores très bien tournées, les descriptions y sont très élaborées. Pourquoi j’insiste tant sur l’écriture? Et bien, parce qu’elle donne encore plus d’impact à l’histoire, rendant chaque détail, chaque précision plus morbide, plus imprégné, plus sordide.
« Désormais, ils avaient sur les bras un corps en partie décomposé dont il fallait recomposer entièrement l’histoire. »
Un autre point fort du roman: l’action qui ne manque pas. J’ai eu l’impression que j’étais en train de faire le grand écart au milieu de la carte de la France. J’ai couru avec les enquêteurs dans chaque recoin, du Nord au Sud, nous ne sommes pas ménagés et j’ai eu parfois l’impression d’être essoufflée tant la tension est palpable. Progressivement, on sent une atmosphère oppressante, voire parfois suffocante,prendre lentement quartier entre les pages. C’est un récit très rythmé et fluide dont les élément s’enchaînent avec urgence et aussi vivement qu’une course poursuite contrastant donc avec cette écriture qui a été peaufinée. Lorsqu’on lit ce livre on a envie d’aller vite pour connaître le dénouement mais à la fois, on a envie de prendre son temps pour admirer (mention spéciale pour les paroles des chansons à la fin du roman,écrites par l’auteur lui-même). C’est un style intéressant.
Pour un premier roman, j’ai trouvé Vincent Villa très à l’aise, on sent une intrigue qui a été longuement pensée et qui a eu le temps de mûrir. Même si j’y ai décelé quelques failles, je trouve globalement cette intrigue assez bien ficelée et à la construction solide.
Dans ce roman, il y a deux enquêtes menées simultanément. Au départ, elles ont l’air si différentes l’une de l’autre qu’on pense avoir affaire à deux romans dans un seul. Une quantité conséquente d’éléments y est dénichée par les deux policiers,chacun de leur côté, et qui nous submerge comme une multitude de petites pièces éparpillées qui serviront à ne former qu’un seul et même puzzle gigantesque. Tous ces morceaux créent une confusion diabolique maîtrisée de façon méthodique et mesquine. Un puzzle qui pour l’instant, a la forme d’un point d’interrogation tant le point commun de ces deux affaires nous paraît flou et abstrait, et pourtant…
Jérôme Blanchard est à la tête de l’enquête concernant les homicides en séries commis dans toute la France,par celui qu’on appelle dans les médias « Le tueur aux roses rouges ». Des meurtres mis en scène sous forme de rendez-vous galants et qui tournent ensuite en scène macabre lorsque la victime est assassinée en plein acte sexuel. Le commandant Blanchard est un acharné , il s’accroche à la traque de ce prédateur. Sa détermination sans faille fait écho à celle de Sophie Lapon en charge de l’affaire du meurtre du travesti commis par celui qu’on appelle « Le monstre de Clamart ». Les atrocités, ils y sont habitués au quotidien mais cette affaire va leur donner du fil à retordre car les monstres ont toujours un temps d’avance. Au fil de leur enquête respective, ils vont se retrouver face à des profils de prédateurs qu’ils ne soupçonnaient pas. Ils vont se retrouver face aux visages de la déchéance humaine.
« Quelque chose venait de s’illuminer en elle et de dessiner un coin de soleil sur les paysages noirâtres de son âme. »
Je retrouve dans ce récit,le portrait typique du flic, notamment pour le personnage de Sophie, c’est-à-dire, la policière obnubilée par son travail et cachant une blessure émotionnelle survenue dans son passé. La carapace dure à l’extérieure mais qui cache à l’intérieur une âme blessée et torturée. Mais ce portrait est ensuite étoffé par une Sophie que l’on découvre sous une autre facette: la femme passionnée, amoureuse et surtout , la mère dévouée qui a pris le temps de nouer avec sa fille étudiante, une relation fusionnelle.
Je découvre aussi à ce moment là, une autre facette de la plume de Vincent Villa.Des passages chantant la tendresse, la passion amoureuse. Encore un critère qui dénote avec le thriller classique. Le récit prend alors une autre tournure, le romantisme s’invite dans la noirceur qui l’adopte et se mélange avec lui jusqu’à former une alliance atypique et à part entière. Deux genres opposés qui s’emboîtent en une beauté hybride vêtu d’un voile noir. Un duo que j’ai trouvé vraiment intriguant et qui m’a beaucoup plu.
Si j’ai bien aimé la construction de la personnalité des personnages, il y a tout de même quelques détails qui m’ont un peu chiffonnée comme l’extra-lucidité de Sophie à certains passages, par exemple les messages que son inconscient lui envoie pendant la nuit lui permettant d’avancer plus facilement dans l’enquête, ou bien comme ca a été le cas à plusieurs reprises, des indices découverts de façon logique et improbable alors que la situation présentée est très complexe. Tout s’emboite avec facilité, ce qui pour ma part peut faire perdre de la crédibilité à l’histoire qui à l’origine était plutôt bien tissée et recherchée.
A la lecture d’un roman, j’aime toujours chercher un sens au titre parce que c’est tout de même la première chose que l’on voit et qui nous attire à l’achat d’un roman et j’avoue que celui-ci était assez intriguant. J’ai été agréablement surprise par la tournure que prenait l’histoire. L’amour peut-être un sentiment magnifique pour les uns mais on ne soupçonne pas la partie cachée de l’iceberg à savoir son extrême pouvoir de destruction… L’amour peut faire de nous des cibles, il peut creuser en nous des failles assez grandes pour que le monstre à l’affût s’y insère. L’amour sous toutes ses folies, sous toutes ses beautés sombres.Prenez garde à vos sentiments ou vous risqueriez de vous faire croquer avec voracité par les ténèbres …
L’auteur est comme un artiste maniant les mots et les notes. Il fait cohabiter la noirceur des ténèbres de l’âme humaine à une dimension poétiquement romantique et obsessionnelle. Un roman d’une beauté sombre explorant la perfidie humaine sous toutes ses facettes les plus morbides. L’alliance entre le romantisme et le thriller forment un duo des plus obscurs et des plus malsains. Un mélange plutôt réussi et une plume prometteuse. Un roman en noir et rouge, la couleur de la passion … et du sang.
EXTRAIT
Une puissante émotion escorta la jeune femme jusqu’à la fenêtre, d’où elle observa le jour tirer sa révérence pour céder lentement la place à l’obscurité. En même temps que la nuit, un sentiment d’abattement tomba sur ses épaules. Son sommeil était gloutonné depuis le début de l’enquête par tout un tas de pensées voraces. Son esprit toujours en mouvement s’agrippait au monstre ou à Dave,avant d’aller se promener dans le bois de la Solitude ou sur l’île de la Loge. Épuisée par ces pérégrinations nocturnes, elle éprouva le besoin d’un peu de réconfort, de chaleur humaine et de vapeurs d’alcool, de musique douce et de verres qui se cognent. Elle s’interrogea sur l’éventualité d’appeler Paul en dépit de ses réticences, une simple soirée pouvant la conduire sur un chemin sans retour. Mais la sonnerie de son Smartphone se manifesta avant qu’elle eût tranché ce débat animé. La photo de Chloé en modèle réduit, juchée à 6 ans sur les épaules de son père,barbouilla l’écran de nostalgie.
-Ma chérie! Comment vas-tu?
-J’ai tenté de t’appeler sur WhatsApp entre deux cours. T’es occupée?
-Je suis à l’hôpital, au service de réanimation.
-Comment va-t-il?
-Son état s’améliore doucement.
-Tu prends son malheur à coeur, je sens.
-Il n’y aurait pas d’autre mot plus adapté que celui-ci.
-« Malheur »?
-Non, « coeur ».
-Il y a quelque chose entre vous?
-Seulement du silence pour l’instant. Mais quand il se réveillera,on aura beaucoup de choses à se dire. Je l’espère,du moins.
-Tu as ouvert les yeux au moment où il a fermé les siens.
-C’est un bon résumé.
– Tu as une existence sentimentale à poursuivre, tu le sais. L’amour est un sentiment tellement enivrant!
-Tu en parles comme s’il te traversait en ce moment, te prenait par la main, te faisait valser et tourner la tête…
-Qui sait? Tu as peut-être raison…
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