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Hello ! 🙂
L’automne est arrivé ! En temps normal je déteste cette saison, je la trouve très déprimante avec toute cette grisaille et toute cette pluie mais le point positif c’est qu’à l’automne, on ressort nos fameux plaids avec de bonnes tasses de thé ou de chocolat chaud et bien sûr un bon livre. L’automne est une saison idéale pour la lecture même si pour les bookaddict, tout est propice à la lecture ! :p
De mon côté, je dois dire que j’ai fort bien démarré l’automne et comment aurait-il pu en être autrement lorsque l’on passe ce cap en compagnie d’un très bon livre. Dans cet article, je viens vous parler d’un ovni littéraire publié aux Éditions des Lacs, il s’agit du « Nombril de Solveig » qui est le premier roman d’Olivier Sorin que j’ai eu la chance de rencontrer le 12 septembre dernier à la médiathèque intercommunale de Longwy ( Lorraine).
Je tiens à faire une parenthèse de quelques lignes pour vous parler de cette nouvelle maison d’Édition arrivée dans la sphère littéraire au courant de l’année 2019. J’ai rencontré son éditrice, Morgane en même temps qu’Olivier en septembre dernier.
Je suis les Editions des Lacs depuis quelques temps maintenant sur Instagram et déjà virtuellement, il en ressort que cette maison a un bel avenir devant elle dans le milieu éditorial de part son potentiel. Loin des grandes maisons d’éditions que nous connaissons et que nous ne présentons plus, les Editions des Lacs n’ont rien à leur envier, ils se démarquent par leur authenticité, leur originalité, leur capacité à dégoter de petits bijoux littéraires et surtout comme l’indique leur logo, il en ressort une singularité saisissante et une grande sensibilité, que ce soit des éditeurs que de leurs auteurs. La complicité que Morgane et son mari, Bruno, entretiennent avec leurs auteurs est sincèrement touchante. Les rencontrer a été un moment très riche en émotions et authentique (oui, j’insisterai plusieurs fois sur ce qualificatif), ce sont des personnes qui ont à coeur de faire émerger des talents et de mettre en lumière des plumes singulières et hors norme.
Olivier Sorin est l’un de ces talents. « Le nombril de Solveig » est le genre de roman qu’on ne lit pas tous les jours, le genre de roman qu’un amoureux de la littérature ne peut passer à côté. Le livre d’Olivier Sorin mérite d’être lu, d’être reconnu. Le style est incroyable et d’autant plus qu’il s’agit d’un premier roman !
Le Nombril de Solveig, c’est l’histoire d’une rencontre amoureuse atypique, le genre d’histoire d’amour qui nous foudroie, nous éblouit, nous transperce. Le genre d’amour intense et dont on aime se languir. C’est l’histoire de Standor, le solitaire qui rencontre l’énigmatique Solveig dans un rayon de boîtes de thon à la catalane dans un Monoprix. C’est le genre de rencontre que l’on fait de manière tout à fait ordinaire et de façon incongrue, mais souvent ce sont les histoires ordinaires qui accouchent de grands bonheurs extraordinaires. Le nombril de Solveig est un conte de fées des temps modernes porté par une plume poétiquement romantique comme on n’en lit plus beaucoup de nos jours.
Résumé:
Paris, automne 2017. Standor, brocanteur d’appareils photo argentiques rencontrait Solveig au rayon conserve d’un Monoprix. Tombé fou amoureux, le quadra attendit en vain Solveig qui lui avait donné rendez-vous le soir même dans son appartement du passage Choiseul. Standor n’allait jamais abandonner l’espoir de la retrouver ; jusqu’à ce que Solveig refasse son apparition sur le film d’une pellicule oubliée d’un vieil appareil Lubitel TLR des années 1950 qu’il venait d’acheter dans un souk marocain. De ces premières retrouvailles naissent alors les deux plus grandes énigmes et souffrances de l’existence de Standor : les disparitions à chaque seuil de l’hiver de son nouvel amour et sa réapparition à l’automne grâce aux photographies de vieilles pellicules chinées de l’autre côté de la Méditerranée.
Un amour surréaliste.Un amour incongru. Un amour décousu. Un amour obsessionnel, passionnel, irrationnel. Un amour en pointillés, un amour instantané.
Telles sont les premières bribes que j’écrirais pour résumer mon ressenti sur ce roman, mais bien-sûr , cela est beaucoup plus.
Paul Eluard a écrit: « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »
Pendant 20 ans, Standor aura rendez-vous avec son destin.
Standor est un personnage comme il en existe tant d’autres dans l’existence, d’ailleurs je m’y suis reconnue à plusieurs reprises. Selon la définition du monde global, on pourrait qualifier Standor de marginal, de décalé et dans un sens c’est le cas. Standor réfute le monde moderne, Standor aime le vintage, la nostalgie. C’est pourquoi, il aime les appareils photo argentiques. Standor est quelqu’un qui remonte la vie à contre courant de la marche collective, son personnage est touchant, sa pugnacité paraît un peu ridicule aux premiers abords mais se révèle être une leçon de courage. Car oui, il faut être courageux pour poursuivre ses rêves avec une telle dévotion dans un monde qui ne jure que par le matérialisme. Standor croit en l’amour pur. Standor était fait pour un destin romanesque. Les personnes rêveuses vivent dans l’attente. Elles ne sont pas faites pour vivre une vie banale et ordinaire, les personnes romanesques sont faites pour vivre un destin hors norme, elles attendent l’inattendu, la passion. Et c’est dans un rayon de supermarché que Standor va trouver l’intensité qui manquait à sa vie.
« Standor et Solveig étaient en fait deux fractures, deux esprits fissurés qui s’étaient croisés dans les rayons d’un Monoprix quelques années auparavant et dont les écorchures s’attiraient comme des électrons libres qui s’aimantaient ou se repoussaient au gré de la disposition de leurs pôles. »
Comme une apparition, comme un courant d’air infime et pourtant le ressenti pour Standor a été comme une bourrasque renversante dans son existence monotone et chaotique, aussi bref qu’un cliquetis d’appareil photo, Solveig s’est matérialisée dans sa vie, dans son coeur, son esprit, sa peau. Standor s’est imprégné de Solveig. Le côté maladroit de Standor qui rend touchant va venir se heurter à une personnalité déroutante, Standor est ébranlé par ce côté versatile de la jeune femme. Solveig apparaît et disparait comme un spectre, elle laisse derrière elle ce courant d’absence qui loin de décourager Standor, l’exalte.
L’apparition de Solveig est comme un flash pour Standor, un flash éblouissant, aveuglant , obscurcissant tous les décors avoisinants. Le bonheur se matérialise toujours quand on ne l’attend pas.
Aimer Solveig, c’est tomber amoureux de l’absence, c’est cohabiter avec le manque lancinant. Aimer Solveig, c’est aimer au présent et chérir chaque seconde. Aimer Solveig, c’est apprécier la danse lascive des vagues qui vont et qui viennent sans que l’on ne puisse les retenir. Aimer Solveig, c’est accepter l’insaisissable.
Les absences de Solveig creusent un gouffre au cœur mais l’amour de Standor pour Solveig comble tous les vides et les silences.
Solveig est le nombril du monde de Standor.
Une âme sensiblement singulière ne peut qu’attirer son âme jumelle…
L’amour de Standor pour Solveig apparaît comme incompréhensible, comme une folie, une obsession. Il se heurte à plusieurs reprises à l’inflexibilité, à l ‘hostilité des autres. Cela montre que la sensibilité n’est pas toujours facile à gérer dans un monde comme le nôtre. Il jalonne le temps, les obstacles, les découragements. Standor bénie les instants présents, ils sont son elixir , il connaît leur richesse puisque l’instant présent, Solveig n’a que ça à lui offrir. Les photographies sont un moyen de figer l’instant présent de manière instantanée et pour l’éternité. Standor aime au présent avec toute la candeur qui l’incarne, il vit avec une carence amoureuse constante. Il s’accroche à une promesse onirique.
Standor n’est que sensations, il nous rappelle les valeurs de la vraie vie à savoir vivre dans les ressentis. C’est une personne authentique et entière. Vivre, ce n’est pas avoir, vivre c’est être. Être matérialiste, c’est penser posséder tout alors qu’on ne possède rien si on n’a pas aimé et été aimé au moins une fois. Il y a une critique de nos sociétés ultra connectées, nous sommes tous connectés les uns aux autres et pourtant nous n’avons jamais été aussi éloignés les uns des autres. Nous vivons dans une existence virtuelle et factice, nous ne prenons plus le temps de savourer les choses.
« Car dans ces moments où le passé se dilate, abandonnant tout avenir avec lucidité, tu nous as rendus possibles en faisant du présent, une maladie intense et sans contrefaçon. »
A travers ce roman, l’auteur nous livre une histoire d’amour atypique en marge de celles que nous vivons dans le monde contemporain. L’amour de Standor et Solveig est comme une contredanse du monde moderne. Si j’ai un conseil avant de lire ce livre ce serait de mettre de côté la logique, laissez- vous porter , laissez-vous apprécier ce livre comme il le mérite. Évadez-vous.
Solveig éparpille son absence en un jeu de piste qui durera pendant deux décennies. Standor tournera en rond autour du nombril de Solveig. Ces photos sont comme des morceaux fragmentés pour reconstruire un puzzle improbable où l’on suit les pérégrinations bucoliques de Standor. Chaque départ de Solveig laisse flotter des points de suspension à l’abandon comme les petits cailloux du Petit Poucet. Chaque caillou est un morceau de Solveig qu’elle sème à l’intention de Standor.
Olivier Sorin nous transporte dans une balade des mots et des sens à la recherche de l’authenticité de l’instant à travers une plume poétique et élégante. Chaque mot est comme un ornement lyrique , où chaque émotion est gracieusement enveloppée comme des petites douceurs pures et acides à la fois. A travers Le nombril de Solveig, l’auteur revisite la conjugaison de l’Amour telle qu’on ne l’avait jamais apprise.
Extrait:
Standor extirpa un bloc-notes de la poche intérieure de sa veste. Dans la foulée de son émotion, il était décidé à exprimer avec pudeur et ses mots à lui, les sentiments qu’il éprouvait pour Solveig. Les retenues et les timidités cognaient contre les murs des phrases qu’il voulait offrir, et ses bienveillances en cadeau griffaient son humilité au point de se prendre pour un usurpateur. La feuille blanche était comme un ciel caligineux, vierge d’un geyser qui ne demandait qu’à sourdre. Les mots étaient là, tapis au tréfonds d’une terre fangeuse, d’une conscience aride que son inspiration sommait d’extirper. Sur la table ronde de ce café parisien, Standor tentait de jongler avec les lettres, de les conjuguer en phrases pour créer des histoires retombant en pluie fine et parcheminant l’espace conquis de la feuille à la virginité effrayante. Il s’agissait de déflorer les inhibitions par la floraison d’une libération. L’expression épistolaire accouchait parfois par césarienne, les sentiments avaient l’envergure d’un albatros qui ne demandait qu’à planer mais le chemin pour atteindre cette naissance était trop étroit et rugueux pour ne pas lui écorcher les ailes. Son écriture était une natalité, l’accouchement d’une gestation lente et maturée dont l’expulsion prosaïque de devait de se conjuguer en un poème introspectif et altruiste. Son écriture aurait voulu être une chanson où les syllabes seraient les notes d’une partition que l’on murmurait à ceux que l’on aimait; elle était la nudité crue de son esprit chagrin ou joyeux, elle était la conjugaison singulière des bonheurs syllabiques de ses espérances plurielles. Au bout de cette matinée passée à réfléchir à ses mots, ses phrases, son message, après avoir déchiré puis froissé la quasi-totalité des feuilles de son bloc-notes, Standor trouva les mots justes, simplement justes; le résumé de ses douze mois d’impatience amoureuse.
Je t’aime, ,ne pars plus. »
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