COUP DE COEUR !
♥♥♥♥♥/5
Je réécris cet article pour la seconde fois. J’étais en train de le boucler et au moment d’appuyer sur la touche « publier »… plus rien ! Et bien entendu, rien ne s’était enregistré, autant dire que j’étais bien dégoutée ! Du coup je reprends depuis le début en essayant de ne rien oublier de ce que j’avais marqué précédemment.
Il est là mon premier coup de cœur de 2020 ! C’est un roman que je devais lire depuis longtemps, je l’ai acheté il y a plusieurs mois sans pour autant le lire, il m’a donc longuement attendue . Et puis la Saint Valentin approchait et j’avais envie d’une lecture plus légère, romantique pour contraster avec mes lectures de thrillers. Je ne sais pas si ça vous est déjà arriver d’avoir comme une sorte d’intuition en choisissant une lecture? Vous savez que c’est celui-ci que vous devez lire à ce moment-là, à cet instant précis. Celui-ci et pas un autre… Et bien écoutez toujours votre intuition, elles est souvent bonne conseillère ! 😉 En tout cas, j’ai bien fait d’écouter la mienne, ce premier roman de Sophie Astrabie est très réussie ! J’ai été complètement embarquée dans cette histoire aux côtés d’Avril, cette trentenaire un peu paumée au détour crucial de ses 35 printemps.
En refermant ce livre, je sens encore les mots résonnaient en moi. Mon cœur s’est connecté à ce livre. Ce roman, c’est une bouffée d’oxygène, une bulle de légèreté. Il y avait tout: l’amertume, l’amour, les sourires et de l’émotion. Dès les premières lignes, j’ai su que ce serait un coup de cœur ! Si je dois être honnête, il faut avouer que l’histoire est assez simple en elle-même et pourtant l’écriture de Sophie m’a complètement saisie et happée. J’ai été complètement emballée par cette intrigue feel-good et comme ce genre littéraire l’indique, ce roman vous laisse de bonne humeur, comme une étincelle qui s’allume de nouveau en nous. La particularité d’un bon auteur est de transformer une histoire ordinaire en quelque chose de spécial et on peut dire que Sophie Astrabie a respecté ce pacte. Quelle n’a pas été ma joie quand elle a annoncé sur son compte Instagram, la parution prochaine de son second roman. Inutile de vous dire que je serai au rendez-vous bien évidemment ! :p
Si j’insiste tant sur le style d’écriture de l’auteure, c’est parce que ses mots m’ont touchée profondément mais aussi m’ont déstabilisée dans le sens où je me suis reconnue à travers la plume de l’auteure. C’est assez troublant de constater que son propre style d’écriture est semblable à celle de quelqu’un d’autre car les mots de Sophie, j’en ai écrit des similaires dans mon carnet d’écriture ! J’ai donc partagé les pensées d’Avril et je me suis identifiée sans mal à son personnage. D’ailleurs, ce roman peut s’adresser à un large public car je pense qu’à un moment ou à un autre dans notre vie, nous avons tous été confrontés à des doutes et des remises en questions sur son existence. Ce roman n’est pas moralisateur, il apporte fraicheur le temps de cette lecture mais aussi nous ne sommes pas en manque d’une piqûre de rappel sur ce qui est vraiment important. Rêver sa vie ne suffit pas, il faut oser la vivre !
Résumé:
« Avril… j’y ai pensé toute la nuit, ça va te paraître fou ou peut-être ridicule… mais si à 35 ans, ni toi ni moi ne sommes en couple, je veux que nous nous retrouvions et que nous fassions un enfant. »
Avril fête ses 35 ans et se remémore la promesse de Jean, le jour de leur séparation. Elle est toujours célibataire, mais Jean ? Est-il marié ? Se souvient-il de leur pacte ? Mirza, la voisine octogénaire d’Avril, tente de la détourner de ce premier amour pour la pousser à mordre la vie à pleines dents.
Un roman tendre et émouvant autour de l’amitié improbable entre une jeune femme nostalgique et une grand-mère qui ne croit qu’en l’avenir. À travers le regard de deux personnages que tout oppose, Sophie Astrabie nous invite à être déraisonnable et à aimer passionnément, quel que soit notre âge.
J’ai adoré la façon qu’avait l’auteure de dépeindre les réflexions d’Avril sous une forme d’humour sarcastique. Avril est en pleine confusion existentielle et sa façon de décrire les évènements est assez drôle ce qui m’a fait sourire à plusieurs reprises.
Pour la jeune femme, ses 35 ans marquent un tournant dans son existence, ils sont comme un réveil, comme un déclic, elle qui semblait s’être endormie depuis des années. La routine est réconfortante, on se permet de se reposer sur elle mais on en oublie de vivre. On s’engourdit dans sa propre vie, elle est monocorde et sans surprise. Au final, c’est de l’air qui remplit le vide… Avoir la trentaine bien tapée sonne comme un déclic pour Avril. Au fil des ans, la perception des choses se fait différemment. Lorsque l’on nage en plein tumulte de la jeunesse, fêter son anniversaire, c’est nager dans une sorte d’euphorie parce que l’on a l’impression de gagner un an. Une année en plus, c’est gagner en maturité, en responsabilité et en importance. Nos choix ont plus d’impacts… mais c’est là aussi que le bat blesse lorsque l’on vieillit … Comment sait-on que l’on vieillit ? Comment passe-t-on de « gagner un an » à « perdre un an »?
« Apprendre par cœur. C’est:l’expression la plus hypocrite qui existe. Le cœur sait, il n’apprend pas.J’apprenais par cœur ce que la raison me dictait. C’était la définition de la vieillesse. «
En vieillissant, les années du passé pèseront plus lourd dans la balance que les années qu’il vous reste. Prendre un an, c’est faire le deuil des années passées, faire le deuil de ce qu’on ne fera plus et de ce qu’on n’ a pas fait. En vieillissant, le sentiment qui grandit et qui prend de plus en plus d’importance au fil du temps c’est le regret… Au fil des ans, on se tasse sous le poids de la pression sociale. Nos choix deviennent cruciaux pour notre avenir et c’est terrifiant de se dire que toute notre destinée dépend que de nos décisions. Tous ces petits choix qu’on fait au quotidien sans s’en rendre compte, ont un impact dans notre vie. La vie n’est faite que de choix, vous n’avez pas le choix justement que de choisir car ne pas vouloir choisir, c’est choisir quand même … (oui tout cela est très complexe…).
Avril mène depuis 7 ans une existence immobile. Elle attend que la vie vienne à elle mais attendre la vie c’est choisir de la subir. Tandis que le temps avance, il y a la crainte un jour de se retrouver seule avec une vie remplie de regrets… et pendant ce temps là, les autres n’attendent pas. Avril a la sensation d’être délestée, que le temps avance sans elle. Au fil de l’histoire, son sentiment de solitude va se renforcer quand elle prend conscience que ses amis tentent de reprendre eux aussi leur existence en main. D’ailleurs, bien que l’histoire soit exclusivement du point de vue d’Avril, on s’attache à ses amis car on ressent l’affection qu’elle leur porte. Eux aussi, la vie ne les a pas épargnés et pourtant l’envie d’être heureux à nouveau reprend le dessus, l’envie de survivre. La vie offre toujours une seconde chance et contrairement à Avril, ils tentent de la saisir et d’en faire bonne usage. Se remettre en question est une bonne chose, mais se poser trop de questions peut semer en nous la confusion et nous mettre des barrages sur notre route, cela s’appelle de l’auto-sabotage. A être trop centrée sur ses soucis, Avril est fermée à ce qui l’entoure si bien qu’elle ne perçoit pas immédiatement les changements dans la vie de ses amis, ni même les changements de ce qui gravite autour d’elle. C’est comme si elle avait les yeux obstinément clos et que le destin va se faire un plaisir d’ouvrir.
Vieillir, c’est accumuler pas mal de casseroles derrière soi, ainsi que des regrets. Mais prendre de l’âge nous permet d’avoir une vue d’ensemble sur notre vie et pouvoir en faire le point. Avril est à un tournant de sa vie où tout est encore possible,il faut seulement être capable de saisir sa chance. D’ailleurs dans la vie, la plupart des choses ne sont pas irréversibles. Mirza, la voisine octogénaire d’Avril pourra en témoigner. Dans la vie, il n’y a pas d’âge pour être surpris et la spontanéité est un ingrédient indispensable dans la recette du Bonheur à condition d’autoriser la vie irradier notre âme. J’ai adoré ce duo intergénérationnel que forme Mirza et Avril. Mirza est une vieille dame caractérielle et sauvage avec les autres et pourtant elle n’en est pas moins terriblement attachante. C’est elle qui va donner à Avril la clé qui va bouleverser sa routine monotone. Le destin pousse parfois outre les barrières que nous avons érigées. Bien que Mirza et Avril ne soient pas de la même générations, elles ont traversé à peu près les mêmes doutes et les mêmes questionnements. Et comme on dit, rien ne vaut l’expérience et la sagesse. Mirza est un personnage clé (sans jeu de mots ^^) pour Avril.
« Ne laisse pas ton présent te faire douter de ton passé. Car ces deux-là par contre, ce sont les pires concurrents d’une vie. «
Parfois, lorsque l’on patauge dans une période de sa vie, c’est ce moment-là que choisit le passé pour faire irruption. Il arrive qu’il revienne sans crier gare, comme une ancienne connaissance qu’on recroiserait au détour d’une rue. Il peut alors nous rassurer sur les choix que nous avons pris à une époque ou bien, il peut venir semer la discorde dans notre esprit.
Avril vit depuis sept ans avec le souvenir de sa relation passée et avec le fantôme de son ex-compagnon, Jean. Le pacte qu’ils avaient scellé le jour de leur rupture vient la hantée depuis qu’elle a franchi le cap des 35 ans. Jean représentait la sécurité, l’engagement et un certain confort émotionnel. POurquoi reprendre le risque d’aller vers l’inconnu quand on connait déjà la personne? Mais le temps change et fait évoluer les gens. Nos aspirations, nos rêves évoluent avec nous et la personne que l’on était il y a 7 ans ne sera plus la même aujourd’hui… Vivre avec le fantôme d’un ancien amour, vous obscurcit votre champ de vision et la peur du temps qui passe peut nous entraîner à prendre des décisions trop hâtives…
Le temps est souvent un bon conseiller car lui seul peut prouver la fiabilité ou la solidité des choses ou des relations au fil des années.
La vie, ce n’est pas une question de praticité, ni de confort. La vie, c’est avoir le goût du risque et de l’aventure pour vivre l’existence qu’on aspire. Vivre, c’est se mettre en danger tout le temps, mais tenter de vivre la vie qu’on attendait me parait être le plus beau risque qu’il puisse exister.
La vie n’est qu’un enchevêtrement de quiproquos, qui parfois s’emboîtent parfaitement. Il n’y a pas d’âge pour s’autoriser à être surpris. Avril va devoir faire un choix: se tourner vers le passé et retrouver une zone de confort ou bien sauter spontanément vers l’inconnu ?
La vie possède une multitude de portes autant que de possibilités, vous avez toutes les clés en vous. Osez les ouvrir, osez les fermer mais surtout ouvrez-vous à la vie, laissez là entrer!C’est plus important de vous ouvrir que d’essayer de trouver serrure à votre clé car il n’y a pas de mauvaises portes, il n’y a qu’une multitude de possibilités. Vous n’avez pas la clé, vous êtes la clé.
EXTRAIT:
– C’est une clé,confirma-t-elle sans sembler vouloir poursuivre.
Je tenais le ruban du bout de mes doigts, et mes yeux suivaient le balancement régulier de la forme dorée suspendue à son extrémité.
-Dans la vie, il y a deux manières de voir les choses. Une clé, c’est pareil. Tu peux ouvrir des portes mais tu peux aussi en fermer. Il faut que tu te décides dans quel sens tu veux tourner la clé, Avril.
-Qu’est-ce-que… Je…
-C’est une clé, dit-elle à nouveau. Tu sais, il m’a fallu du temps pour me rendre compte que le plus important n’était pas la clé. Le plus important, c’est le sens qu’on lui donne. Ouvrir ou fermer? Les deux sont des choix courageux.
-C’est une belle clé, Mirza, murmurai-je à la fois sincère et désorientée.
-Oui, une belle clé. Mais à ton avis, si elle n’ouvre pas, c’est qu’il ne s’agit pas de la bonne clé ou que tu te trouves en face de la mauvaise porte?
Je n’avais pas l’habitude d’avoir ce genre de conversation avec Mirza. Elle m’écoutait beaucoup, me donnait quelques conseils, mais elle n’intervenait habituellement jamais dans ma vie. J’avais l’impression de me retrouver en classe,à devoir répondre à des questions dont je ne connaissais pas les réponses.
-Je dirais que c’est …
-C’est la clé. C’est toujours la faute de la clé. Les gens ont l’impression de savoir où ils vont. Alors ils croient en la porte et ils dénigrent la clé.
Elle s’arrêta de parler quelques secondes pour attraper une fine chaîne dorée qui se trouvait au fond de la boîte. En même temps qu’elle passait la chaîne dans le maillon de la clé, elle reprit son discours.
-Quelque part, il y a une serrure faite pour cette clé. En attendant, tu peux la porter autour de ton cou.
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