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Hello ! 🙂
Comment allez-vous en ces premiers jours de l’année 2019 ?Pour ma part, j’ai pris de nouvelles résolutions, d’ailleurs en voici l’exemple, je rattrape mes articles en retard de 2018 :p.
C’est avec un article sur le premier thriller de l’auteure italienne Ilaria Tuti que je décide de commencer cette nouvelle année littéraire ! « Sur le toit de l’enfer » sera le premier roman d’une saga policière où Teresa Battaglia dirige son équipe d’une poigne de fer. Cette femme au caractère bien trempé et qui prend un malin plaisir à malmener sa nouvelle recrue, Massimo Marini, va avoir à faire face à un adversaire de taille… elle-même. Cette nouvelle enquête particulière demande beaucoup d’énergie pour cette flic qui prend son métier très à cœur, surtout qu’elle va réveiller en elle un certain mal-être qui la ronge depuis longtemps en silence. C’est peut-être aussi l’enquête qui marquera sa fin précoce…
Ilaria Tuti nous amène dans les montagnes du Friuli en Italie en période de Noël, dans un petit village replié sur lui-même, nommé Travenì où tous les habitants semblent se connaître… Ce village est cerné par une immense forêt qui dégage une certaine beauté sombre et qui contraste avec les bâtiments délabrés et lugubres des riverains. Un jour, le père du petit Diego est retrouvé mort, assassiné dans le bois, les yeux arrachés… Mais ce qui semble encore plus macabre que ce meurtre, c’est le processus auquel l’assassin s’est livré. Aussitôt, le commandant Battaglia n’a plus qu’une seule obsession: comprendre la personnalité du tueur. La clé du mystère ne réside pas forcément dans le pourquoi du comment mais vraiment sur la personnalité psychique du meurtrier, comprendre son processus de fonctionnement mais aussi étudier son environnement.
Avis aux villageois qui s’évertuent à empiéter les sentiers de la forêt, méfiez-vous de ne pas réveiller la bête sauvage qui s’y cache, cela pourrait avoir des conséquences qui causeraient énormément de remous et qui réveilleraient quelques déchets du passé, longtemps endormis… À moins qu’il ne soit déjà trop tard. Après tout, l’animal sauvage n’est pas toujours celui qu’on croit…
Résumé:
Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le coeur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. A côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés. Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois. Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…
Ilaria Tuti s’est vue attribuer le surnom de » la Donato Carrisi au féminin », elle est perçue comme la nouvelle reine du thriller dans son pays. Justement pour ma part, je ne sais pas si ce surnom ne lui porte pas plutôt préjudice… J’adore le style de Donato Carrisi, c’est pourquoi en lisant le résumé de ce roman, j’ai de suite était emballée mais ensuite à la lecture j’ai eu peine à m’accrocher. J’ai trouvé que le style de Tuti et de Carrisi se ressemblaient fortement et de ce fait cela m’a dérangé. Je ne sais pas si cela est dû à mon humeur, ou bien au froid hivernal qui influence mon avis, peut-être certains d’entre vous ont ressenti les mêmes impressions que moi ? ^^
L’intrigue en elle-même est prenante, j’ai bien aimé la dimension psychologique proposée à travers l’analyse du profil criminel du tueur (je pense que pour les adeptes de la série « Esprits criminels » vous allez être satisfaits :p ) mais néanmoins cette forte similitude avec Carrisi m’a quelque peu dérangée et je me devais de le souligner. On retrouve le petit village perdu dans les montagnes où tous les habitants vivent renfermés sur eux-mêmes mais aussi les relations spéciales entre les membres d’une famille. Il y a également la personnalité du commissaire Battaglia, son côté « je me la joue perso » qu’on retrouve chez le commissaire Vogel dans La fille dans le brouillard (que j’ai lu récemment et dont je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement). On peut également retrouver la volonté de l’Homme à déboiser la forêt pour aménager un domaine skiable dans les deux romans, mais néanmoins Ilaria Tutti a accentué plus en profondeur le détail de la nature et de l’environnement et les conséquences que cela peut avoir…
Ce que j’ai apprécié dans ce roman c’est la sensibilité qui s’y dégage malgré la dimension sauvage de l’Homme. Chaque Homme a en lui ce côté primitif, animal et sauvage qui remonte bien avant la naissance de la civilisation, mais tout Homme est capable d’amour.
« L’homme primitif survit en nous, de sorte que n’importe quel groupe humain peut reconstituer la horde primitive »
Teresa est ce pitbull qui ne mord pas mais qui montre les crocs quand elle se sent menacée ou bien pour montrer son autorité; elle a en quelque sorte des similitudes avec le tueur. Elle a naturellement en elle un instinct maternelle que l’on n’aurait pas supposé aux premiers abords. C’est une personne méthodique qui possède deux côtés, d’ailleurs elle change d’appellation selon l’humeur: Commissaire Battaglia pour la face formelle et autoritaire et Teresa lorsqu’elle est affaiblie ou attendrie, c’est la face sensible.
Tout au long de l’intrigue, on se sent épié et oppressé dans cet environnement pesant. Le suspens est maintenuL’Homme empiète sur la nature et il se trouve traqué à son tour… L’animal a un avantage sur l’Homme, il connaît la forêt mieux que lui. L’animal observe, apprend, se mouve dans les pas de l’Homme pour ne pas être repéré. On sent également que la chose qui est caché dans les bois voue une vraie fascination pour notre façon de vivre. Certains passages du romans lui sont consacrés, il est vraiment en phase d’observation et d’apprentissage davantage qu’en position de chasse. Le commissaire Battaglia n’a vraiment pas affaire à un tueur en série classique, ni même à un prédateur. La vérité est beaucoup plus compliqué et beaucoup plus sordide. On ne peut aller contre son instinct naturel.
Le coeur de l’enquête est ici la nature de l’Homme et l’étude de son environnement. La « bête » intrigue par son comportement et au fil de l’avancement de l’enquête, on développe même une sorte d’affection ou d’attendrissement à son égard car il n’est que la conséquence du vice d’un esprit humain. Cet animal, « ce fantôme » n’est que le résultat d’un secret qui a commencé des années plus tôt; une victime collatérale de la malveillance d’autrui.
Le voilà le gros atout de ce roman, on a affaire à un caméléon identitaire et c’est cette partie qui m’a plu ici, la relation entre les gens. Tout n’est que domination et soumission. Il y a le dominé et le mâle Alpha, celui est capable de survivre dans n’importe quelle situation et s’adapter dans tout type d’environnement.
Nous tous avons une part d’animal en nous certes, mais ce qui fait l’Homme, ce besoin viral dont il lui est nécessaire pour vivre et survivre c’est le lien social. Il a besoin de ses semblables pour s’épanouir, pour son équilibre identitaire. Nous sommes tous connectés les uns aux autres. L’Homme n’est pas un animal qui marche seul…
J’ai beaucoup aimé la phase sensible que j’ai perçue dans ce thriller, ce lien affectif qui nous lie malgré notre part sauvage. Néanmoins, même si j’ai été attendrie à certains passages, j’ai eu beaucoup de mal à rester concentrée durant cette lecture. J’ai trouvé que l’intrigue tirait en longueur mais que le dénouement arrivait assez vite à la fois.
Pour résumer, je dirais que c’est un thriller qui se tient mais pour moi rien d’extraordinaire, il m’a manqué quelque chose.
Je conseille tout de même cette lecture pour les thrillersaddicts, à vous de vous faire votre opinion 😉
EXTRAIT:
«
Il l’observait, prêt à l’attaquer. En se déplaçant dans son dos, il sortit du sous-bois. La neige étouffait le bruit de ses pas. Il s’imaginait que c’était comme de marcher sur des nuages.
Ses mains tremblaient. Le coeur, en revanche, restait calme. Il n’y avait pas de tension, il n’y avait pas d’urgence. Uniquement le besoin de lui ôter la vie, comme l’hiver ôtait celle des fleurs et de l’herbe.
À quelques pas de ce corps qui dégageait une mauvaise odeur, il s’immobilisa. Il attendit que la proie se rende compte de sa présence et lève sur lui ces yeux qu’il avait appris à connaître ces derniers temps. Des yeux qu’il n’avait vus chez aucun animal, uniquement chez ceux de son espèce: ils lui faisaient penser à l’eau sale du fleuve après une crue. Ils étaient troubles, traîtres, boueux.
La proie penchée sur la carcasse redressa l’échine. Elle s’était enfin rendu compte qu’elle n’était pas seule. Elle tourna la tête, scruta entre les bourrasques de neige la silhouette qui barrait son champ de vision, entre le véhicule et elle. Elle se remit debout. D’après son expression, elle n’avait pas encore compris.
Elle ne comprenait pas que celui qui méprise la vie devra tôt ou tard le payer de la sienne.
Elle ne comprenait pas que celui qui tourmente les plus faibles trouvera tôt ou tard plus fort que lui sur sa route.
Et surtout, elle ne comprenait pas qu’elle était déjà morte. »
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