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Bonjour !
L’article d’aujourd’hui porte sur le roman de P.J Vernon « Une certaine Annie » publié aux Editions de La Martinière en 2019. Ce titre est le premier roman de l’auteur américain et je suis déjà conquise ! Rien que le titre m’avait déjà intriguée et je me suis donc empressée de le dévorer.Autant dire qu’il n’a pas eu le temps de prendre la poussière dans ma PAL ^^
Lorsque je lis un thriller, j’adore émettre des hypothèses au fil des pages, j’essaie toujours de devancer la vérité avant qu’elle n’éclate mais si jamais il s’avère que j’ai raison, il y a une part en moi qui se réjouit et une autre qui est un peu déçue parce qu’un thriller psychologique c’est censé vous prendre aux tripes, vous faire tourner en bourrique, j’attends énormément du dénouement. Je lis des thrillers depuis plusieurs années maintenant et plus le temps passe et plus je deviens pointilleuse dans mes lectures. Mon sens de l’analyse se développe et je suis plus difficile à surprendre. Mais alors ce livre là, j’ai vraiment été manipulée et la révélation finale a été tordue et inattendue ! J’ai commencé à avoir des doutes à certains moment mais l’intrigue était tellement bien tournée que je m’y suis fait prendre :p
On sent une tension palpable dès le début accentuée par l’atmosphère étouffante et humide des marais de Caroline du Sud. J’ai été happée d’entrée par cette aura pesante même si à certains moments j’avais la sensation que l’enquête piétinait et traînait en longueurs, il s’avère qu’au final tout était calculé. L’impatiente que je suis avait bien tort et elle ne tarderait pas à être servie !
Résumé :
Dans l’ambiance moite des marais du sud des États-Unis, Gray et son mari, Paul, passent les fêtes de Noël en famille. Leur couple bat de l’aile : Paul a des ambitions politiques et l’alcoolisme de Gray commence à lui poser problème. Comme ce soir du 24 décembre où elle s’enivre dans un pub. Le lendemain, incapable de rassembler ses souvenirs, Gray se réveille, seule. Paul a disparu. Que s’est-il passé la veille ?
Quelques jours plus tard, Paul n’a toujours pas réapparu. Une certaine Annie appelle et affirme savoir où il est. Elle propose son aide, mais Gray hésite. Qui est cette inconnue ? Que veut-elle ? Les coups de fil d’Annie se révèlent de plus en plus troublants : la vie de Gray semble n’avoir aucun secret pour elle. Amie ou ennemie, Annie n’a sûrement pas que de bonnes intentions…
Les King sont une richissime famille de l’Etat de Caroline du Sud avec des ambitions politiques assez conservatrices. Le défunt mari, Seamus a été au centre d’une polémique qui a entaché sa carrière politique. Je ne suis jamais allée aux Etats-Unis mais dans cette histoire, j’ai eu la sensation que la ville d’Elizabeth était un coin un peu reculé des USA où certaines lois étaient encore en vigueur alors qu’elles ne l’étaient plus dans les autres Etats. Certains détailles dans la narration laissent entendre qu’il y a encore quelques années de ça , une barrière raciale entre noirs et blancs était toujours érigée. Cette mise à l’écart et cette exclusion raciale on la ressent à travers le personnage de Nina Palmer, qui est devenue à présent inspectrice de police et qui sera en charge de l’enquête sur la disparition de Paul. Comme toutes les familles politiciennes, les King sont très médiatisés dans la presse et encore davantage depuis que Paul, le mari de Gray s’est lancé dans la politique à son tour avec le soutien de Joanna, sa belle-mère. Depuis la mort du patriarche, c’est donc Joanna qui a repris les reines de la famille et elle évite tout ce qui peut porter préjudice à l’image de la famille parce que comme toutes famille politiciennes, sauver les apparences est primordial… Mais comme partout, chaque famille a ses secrets sauf que lorsque l’on a les moyens et les relations, les secrets peuvent disparaître. Mais toujours en apparence seulement… Il est bien connu que les secrets peuvent être destructeurs…
Voilà ce qui arrive quand on laisse faire, quand on ment! Quand on étouffe une affaire, putain! Ça s’aggrave, ça pourrit, et ça ne peut plus guérir.
Le personnage de Joanna m’a agacée plus d’une fois pendant ma lecture, je l’ai trouvée assez intransigeante et froide envers ses filles. Bien-sûr, Gray, la fille aînée est loin d’incarner la fille idéale pour une mère et surtout pour l’image de la famille. Dès les premières lignes du roman, Gray ne cache pas son addiction pour l’alcool, il est d’ailleurs très rare qu’elle soit sobre. On a le sentiment qu’elle se laisse enfoncer dans les méandres de son mal-être, impuissante. C’est comme si elle était plongée dans une sorte de léthargie, comme en sommeil. Elle ne vit pas, elle survit. Elle subit la vie mais elle subit davantage les décisions des autres concernant sa propre existence et d’un côté,cette soumission la soulage, la conforte. C’est comme si elle était anesthésiée, désabusée et indifférente à ce qui l’entoure. L’alcool apparaît comme sa porte de survie, un moyen de fuir son existence mais aussi un traumatisme d’enfance.
Pour son entourage et surtout son mari, ses faiblesses apparaissent comme désolantes et agaçantes, et pourtant il y a au moins une personne à qui ces faiblesses apparaissent comme un avantage: une certaine Annie. Néanmoins, on ressent de la compassion pour Gray même si cette fois l’alcool va devenir son pire ennemi. Gray était ivre lors de la disparition de son mari, elle n’a plus aucun souvenir de la soirée.
Dès le début de la lecture, j’ai ressenti un certain malaise, une atmosphère un peu malsaine entre Gray et son mari, on sent qu’il est un homme arrogant et qui, d’une certaine manière a une emprise sur elle. La jeune femme donne l’image d’une fragilité émotionnelle.
« Les gens, c’est comme les animaux. On peut tromper leur attention. On peut les manipuler. »
Suite à la disparition de Paul, une femme mystérieuse se manifeste auprès de Gray sous le nom d’Annie. Elle semble très bien connaître la vie intime de Gray. Cette manifestation sème la confusion dans l’esprit de la jeune femme et sonne comme une menace machiavélique dont on ne soupçonne pas encore tout le degré de perversion. On suit et partage les pensées de Gray qui est en pleine tourmente. Elle est la souris et Annie le chat. Un chat qui a très envie de jouer avec sa proie…
Les interventions d’Annie bien que peu nombreuses, font leur petit effet car les messages gagnent en virulence. Le suspense s’installe et monte crescendo, et l’ambiance se charge de mystère. Et j’ai eu la sensation qu’au milieu du roman, l’intrigue commençait à trainer en longueur car l’enquête avançait peu, Gray elle-même pataugeait, la bouche pâteuse et alcoolisée.
Gray a déjà rencontré le Diable une fois, elle a fait l’erreur de le regarder droit dans les yeux et celui-ci a volé une partie de son âme. Sera-t-elle armée pour le confronter une seconde fois?
Dans cette intrigue, nous suivons de près l’enquête que mène l’inspectrice Nina Palmer. Nina n’est pas n’importe qui, elle connaît Gray depuis l’enfance et sa tante était la domestique de la famille King. D’ailleurs, Nina est-elle assez objective dans cette affaire? C’est une jeune femme qui a soif de vérité et qui est guidée par le devoir de justice et surtout par la droiture.
Des le départ, la tension dans le roman est palpable et l’ombre d’Annie rode en maîtresse machiavélique. C’est une intrigue malicieusement menée et bien construite de façon subtile dont la révélation finale est fracassante et déstabilisante.
Apprenez à lire les choses autrement, au delà des apparences. Passez de l’autre côté du miroir et les choses vous paraîtront différentes
J’ai déjà lu ce genre de thrillers psychologiques mais chaque auteur écrit à sa sauce ce qui donne toujours des tournures différentes et à chaque fois je marche à fond. « Une certaine Annie » est un très bon thriller psychologique comme je les aime !
EXTRAIT:
-Vous n’aviez pas votre portable avec vous, alors que votre mari a disparu? répéta Nina, incrédule.
Ma bêtise m’atteignait à nouveau en pleine figure, comme si j’avais posé par terre un piège aux dents acérées avant de l’oublier pour, plus tard, y poser le pied.
-Je sais, ça paraît idiot… et ça l’est.
-Qui est cette femme? Que dit-elle?
-Elle dit qu’elle veut me parler de Paul. Qu’elle s’appelle Annie, et qu’elle va me rappeler. Mais je n’ai aucun numéro pour la joindre. C’est un appel masqué.
Je mis le haut-parleur et leur fis écouter le mystérieux message.
Nina prit la parole.
-Une certaine Annie appelle le lendemain de la disparition de Paul et manifeste le désir de communiquer avec vous, mais sans laisser de numéro? Intéressant.
-Absurde,oui! corrigea Maman.
-J’imagine que ce prénom ne vous dit rien?
-Non. Et pourquoi ne pas laisser un numéro de téléphone si elle veut me parler? POurquoi appeler en numéro masqué?
Je scrutais le visage de Nina, en attente d’une réponse.
-Peut-être qu’elle a peur de quelque chose, ce qui la pousse à cacher son identité, même si elle vous a contactée. Ou alors…
-Oui ?
J’ouvris grand les yeux. Je m’accrochais à chacun de ses mots comme aux barreaux d’une échelle qui me sauverait de la noyade.
-Peut-être qu’elle tient juste à se manifester. À vous dire qu’elle existe, dit-elle en détachant chaque mot.
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